« J'ai appris que j'étais séropositif à 25 ans, en 1990. L'annonce, c'est comme si on était enfermé dans une pièce où le feu s'est déclaré. Il n'y a pas d'issue de secours, on va brûler vif. A l'époque, il n'y avait pas de médicament, seulement le baratin des médecins. Alors on se lève, en sachant qu'on est déjà mort », témoigne, face caméra, l'un des patients bordelais du film subtil de Judith du Pasquier. Car, plutôt que de se livrer à un état des lieux historique et sanitaire de la pandémie en France, la réalisatrice choisit de retracer la période 1985-2008 à travers les ressentis croisés des malades et des soignants. Tous, sans faux-fuyants, loin de tout pathos mais en n'escamotant rien de la réalité brutale, croisent leurs souvenirs, évoquent les ravages du virus mais aussi les prises de consciences amorcées. « Quand un patient partait, on brûlait le matelas, se souvient un infirmier. Et nombre de familles faisaient de même avec les affaires personnelles. »

A la fin des années 1980 et jusqu'à l'arrivée des trithérapies en 1996, dans les services hospitaliers, « l'odeur de la mort est omniprésente ». Et les médecins, faute de molécules, se sentent impuissants. Homosexualité, toxicomanie... en ces temps pas si reculés, les interdits ont la peau dure et le jugement moral des thérapeutes interdit le dialogue. Mais, peu à peu, sous l'impulsion aussi des associations de lutte contre le sida, la prise en charge des malades ne se limite plus à l'observance stricte des injonctions médicales, et remet au coeur du corps-à-corps, toujours d'actualité, contre le virus l'échange soignant-soigné. Vibrante d'intensité et de lucidité, cette chronique éclaire comme rarement les pans floutés et intimes de la maladie. (Télérama)

Niveau d'autorisation : 0

Langue : Français

Durée : 65 min

Public : Tous publics

Genre : Documentaire

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