Documents  Denoël / Gonthier | enregistrements trouvés : 7

Longtemps les Négresses se sont tues. Il est temps quelles redécouvrent leurs voix, quelles prennent ou reprennent la parole, ne serait-ce que pour dire quelles existent, quelles sont des êtres humains et quen tant que tels, elles ont droit à la liberté, au respect, à la dignité. Parce quelle est africaine, Awa Thiam sest mise à lécoute de ses s∏urs, pour faire découvrir leurs conditions de vie lamentables. Après une longue enquête en profondeur dans toutes les couches de la société, elle a réalisé une série dinterviews de femmes noires, dune très grande valeur. Car pour la première fois des femmes du Mali, du Sénégal, de la Côte dIvoire, de Guinée, du Nigeria ont accepté de parler en toute liberté et avec une sincérité bouleversante. Ce quon découvre ici frôle souvent lhorreur. Oui, en plein XXe siècle, on mutile encore des petites filles en les excitant ou en les infibulant. On asservit encore des femmes. On les marie dès leur plus jeune âge. Et ce n'est pas tout...

«Le monde a changé pour les femmes», affirme Kathleen Newland qui le prouve en dressant ici un bilan de la condition féminine aujourd'hui. Tous les grands sujets sont passés en revue : enseignement, santé, travail, politique, etc.
Le livre est rempli de faits, de chiffres, de comparaisons particulièrement intéressants, car ils concernent aussi bien l'Europe que l'Amérique, l'Est que l'Ouest, les pays pauvres que les pays riches.
Et l'on constate que, malgré la grande vague des mouvements féministes, malgré la diffusion sans précédent de l'information, malgré des changements matériels qui peuvent faire illusion, les mentalités, elles, restent étonnamment conservatrices : gouvernements, législateurs, sociétés au sens large persistent à ne pas utiliser la compétence de la moitié de l'humanité. Le monde a changé pour les femmes. Oui. Mais il est temps à présent que les femmes changent le monde.

Pendant tous ces siècles où les femmes ont été pratiquement réduites au silence, il s'est tout de même trouvé ça et là quelques hommes, écrivains ou plus rarement hommes politiques, qui ont voulu dépasser l'image traditionnelle de l'épouse dévouée, gardienne du foyer et mère exemplaire, pour la considérer comme un être humain à part entière, qui méritait de bénéficier des mêmes droits que l'homme, un être à qui la maternité apportait une dimension supplémentaire et non un redoutable handicap pour la vie en société.
Ce qualités de coeur, cette liberté de pensée, ce sont elles que Benoîte Groult a cherché à mettre en lumière en écoutant d'un peu plus près ces hommes trop souvent oubliés, méconnus ou moqués.