On connaît la chanson. Depuis Mai 68, la libération des moeurs et les victoires du féminisme, les femmes, affranchies du statut d'épouse et de mère, auraient gagné en pouvoir et indépendance, laissant les hommes désemparés. Privé de son rôle de chef de famille, le mâle occidental ne saurait plus quelle attitude adopter dans cette nouvelle donne, d'autant plus complexe que pèsent encore des clichés, notamment dans le rapport à la filiation : vis-à-vis de la loi française, un père aura toujours plus de mal qu'une mère à faire valoir son droit de garde des enfants...
C'est justement à travers le prisme du lien entre un fils et ses parents, entre un père et sa progéniture, que le film de François Chilowicz tente de définir l'identité masculine, en faisant le portrait de six hommes d'âge et de milieu différents. Il y a Maurice, agriculteur de 70 ans, qui pleure la mort de son fils, qui s'est suicidé à la suite d'un divorce houleux, ou encore Lionel, 34 ans, qui a dû se battre, contre l'ascendant d'une mère dominatrice, pour obtenir la garde partagée de son premier enfant.
Malgré un dispositif narratif un peu lourd - le commentaire tutoie les personnages, procédé qui tend à exclure le spectateur -, le film, à la manière d'un work in progress, enchevêtre les paroles de ces hommes blessés, parfois en colère, et trace, à rebours des clichés, les contours d'une masculinité mouvante qui peine à trouver sa place.
Nathalie Dray (Télérama n° 3099)

Niveau d'autorisation : 0

Langue : Français

Durée : 90 min.

Public : Tous publics

Genre : Documentaire