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Mère de quatre enfants aux prises avec un mari violent et alcoolique, Alexandra Lange vit l'horreur au quotidien. Elle est d'autant plus à la merci de son époux qu'elle ne travaille pas et est complètement dépendante de lui. Plusieurs années s'écoulent avant qu'elle ne trouve la force de s'enfuir, emmenant ses enfants avec elle. Contre toute attente, devant les supplications de son mari, elle craque et revient vers lui. La vie continue ainsi jusqu'au jour où, se sentant plus en danger que d'habitude, elle a la certitude qu'il va la tuer. Dans un réflexe de défense, elle passe à l'acte en premier...

Simone, Alain, Monique, Agnès... Ils (ou elles) se prostituent. Brutalité du réel, la vente d'un corps la nuit dehors. Mireille Dumas n'évalue pas l'image brute, un peu choc, la rue, le bois, les voitures qui rôdent, pour passer petit à petit à l'autre réalité, intérieure, profonde, le noyau dur et compliqué d'un drame. Quelles sont les motivations qui poussent un homme, une femme, à basculer un jour dans le plus vieux métier du monde, aujourd'hui, à Paris, en pleine Europe ? L'argent certes, mais aussi une image renvoyée du corps, brisée, déchirée, un engrenage de douleurs.
Comme elle l'avait fait pour "Crimes et passions", Mireille Dumas a découpé sa série en trois émissions : "Travestir", "Jeune homme à louer", "La maman du trottoir". Un thème par émission, la transsexualité, l'homosexualité, la féminité. Un personneage principal et un personnage secondaire chaque fois. Un tryptique impressionnant qui plonge dans les problèmes d'identité, physiques ou dans la tête, dans le roman familial, les traumatismes d'enfance, les modèles dévalorisants, un père absent, un viol, une jumelle morte...
Mireille Dumas n'a pas fait une enquête exhaustive, sociologique. Elle a tracé trois portraits (plus trois autres en arrière plan), mais ces portraits sont tout. Son talent, c'est d'enlever la carapace des clichés, cette espèce de voile opaque, collant, des images et des mots, de lever les barrières et défaire les blocages. Les questions sont précises mais intelligentes. LA réalisatrice ne traque pas, elle écoite absolument. En se confiant à elle, tous semblent se débarasser d'un poids et se transfigurer. On ne voit plus de prostitué(e)s, on découvre des êtres humains, des personnalités formidables (ah ! Simone !), des individus singliers et uniques, avec une histoire bouleversée dans une société imparfaite. Poignant.